Il y a un an, l’association féministe « Les Glorieuses » annonçait : « Ce vendredi 4 novembre 2022 à 9h10 les femmes commenceront à travailler gratuitement ». Une date et une heure symboliques qui visaient à interpeler les esprits et rendre visibles les inégalités de salaire dont les femmes sont victimes. Pour exemple, en 2020, les femmes percevaient 15,8 % de moins que les hommes.
Aujourd’hui, le constat est toujours inquiétant : les inégalités persistent et les mentalités peinent à évoluer. Les responsabilités familiales restent globalement celles des femmes alors que le congé paternité et d’accueil de l’enfant est passé de 14 à 28 jours. La situation des femmes sur le marché de l’emploi reste plus fragile que celle des hommes : de fait, les femmes sont plus nombreuses à travailler à temps partiel, à occuper des emplois à bas salaires et quand elles parviennent à accéder aux professions supérieures, elles continuent à se heurter à un plafond de verre qui leur interdit les fonctions dirigeantes.
Mais les inégalités ne se limitent pas à ce constat. Elles englobent également le sexisme ordinaire au travail. Ainsi, d’après le baromètre AFMD et BVA 2023 du collectif Stop au sexisme ordinaire en entreprise, 8 femmes sur 10 perçoivent toujours le monde du travail comme sexiste et inégalitaire. Et de fait, cette étude démontre qu’une femme sur 2 est affectée par le sexisme ordinaire, 6 femmes sur 10 ont été victimes de propos dégradants et mettent en place des stratégies d’évitement, 3 sur 4 des femmes sont exposées à des blagues sexistes, 53 % des femmes jugent insuffisante l’implication des entreprises sur le sujet, 9 femmes sur 10 considèrent que les inégalités femmes-hommes sont encore très importantes, 7 femmes sur 10 voient leurs capacités managériales remises en cause. Leur maternité reste encore un problème pour l’entreprise. A ce jour, 50% des femmes se sentent toujours freinées dans leur évolution professionnelle : augmentations ou primes non perçues et promotions non accordées.
Ce travail sur les inégalités est encore long car il oblige à changer les mentalités et à être vigilant dès le plus jeune âge de l’enfant. C’est la raison pour laquelle notre collectivité a développé des actions dans ce sens. En attestent le projet Egalicrèche avec ses ateliers sur la littérature jeunesse, sur l’impact des jouets ou la réflexion sur l’aménagement des espaces.
Plus globalement, depuis 15 ans, notre collectivité a entrepris une politique d’égalité femme-homme. Chaque année, elle fait le point sur cette politique à travers des fiches d’actions et de réalisations. Celles-ci permettent de valoriser les actions existantes et de réfléchir collectivement à de nouvelles pratiques qui pourraient être mises en place dès l’année suivante.
Attentif à ce travail de longue haleine, notre groupe se félicite de ces avancées et propose que notre collectivité aille plus loin dans le bien-être au travail des femmes en instituant un congé menstruel et d’aménagement du temps de travail. Ces autorisations spéciales d’absences au titre d’un congé menstruel permettent aux femmes, souffrant de règles douloureuses ou d’endométriose, de s’absenter du travail sans perte de salaire. La mairie de Saint-Ouen a été la première à se lancer, en mars dernier. Depuis, d’autres villes ont suivi comme Bagnolet ou la métropole de Lyon. Et ce n’est qu’un début puisque d’autres collectivités envisagent de proposer ce congé : la région de la Nouvelle-Aquitaine, le département de la Gironde, la métropole de Strasbourg, la Ville de Paris.
A la Métropole du Grand Lyon, où les agentes bénéficient donc depuis le 1er octobre 2023 d’une autorisation spéciale d’absence au titre d’un congé menstruel et en cas de fausse couche, certaines ont opter pour le télétravail et d’autres pour les deux jours d’absence. Cependant, un temps d’adaptation sera nécessaire comme le montrent les craintes des agentes qui se posent la question de la réaction des managers en cas de recours réguliers à ce congé menstruel. Les agentes appréhendent que ce congé ait à terme un impact sur le recrutement et les promotions des femmes.
Malgré ces appréhensions, nous estimons qu’inscrire ce nouveau droit dans la politique de ressources humaines de notre Collectivité serait une belle avancée et témoignerait de sa politique volontariste en faveur d’une égalité femme-homme.
Un texte de Christiane Migot, Conseillère municipale déléguée aux relations avec les associations du secteur social et élue à la Métropole de Brest.