Présidentielle – Les dirigeants des pays alliés des États-Unis se sont pressés mardi 10 novembre de promettre leur coopération au futur président élu Joe Biden. Malgré cela, le secrétaire d’État Mike Pompeo a lui évoqué, devant la presse, la perspective d’un “second” mandat pour Donald Trump, semant la confusion et la colère chez les diplomates américains en poste à l’étranger.
Lorsque Mike Pompeo atterrira vendredi prochain en France, continuera-t-il de nier la défaite de Donald Trump auprès de ses interlocuteurs étrangers ? C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre le chef de la diplomatie américaine mardi à Washington, rapporte NPR : interrogé par la presse sur les mesures prises par le département d’État pour favoriser la transition avec les équipes du président élu Joe Biden, Mike Pompeo a refusé de reconnaître la victoire du démocrate. “Il y aura une transition en douceur vers une seconde administration Trump”, a-t-il lâché d’un ton neutre avant d’esquisser un sourire.
Des déclarations qui ont sidéré les diplomates américains en poste à l’étranger, selon CNN. Plusieurs hauts fonctionnaires ont confié à la chaîne américaine qu’ils n’avaient “reçu aucune directive du département d’État” à ce sujet. Ils “sont en colère et confus quant à savoir si Pompeo suggérait qu’ils devraient dire à leurs homologues que Trump obtiendra d’une manière ou d’une autre un deuxième mandat, ce qu’ils savent être pratiquement impossible”, explique CNN. Et pourtant, Pompeo continue à mettre en avant cette possibilité.
Interrogé un peu plus tard par Fox News, le chef de la diplomatie américaine a légèrement atténué la portée de son propos tout en continuant à insinuer que la victoire de Joe Biden n’était pas établie. “Nous verrons ce que les gens ont décidé” quand toutes les voix auront été comptées, a-t-il estimé.
“Les républicains doivent prendre la parole”
“Pompeo est l’un des confidents les plus loyaux de Trump. Il s’oppose rarement à lui en public”, rappelle Politico. Néanmoins, les réticences du chef de la diplomatie américaine et d’autres responsables républicains, “à accepter les résultats des élections ne sont qu’une preuve de plus que Trump ne compte pas quitter facilement le pouvoir”, estime le magazine en ligne.
Après son passage en France, Mike Pompeo s’envolera pour la Turquie, Israël ou encore l’Arabie saoudite, autant de proches alliés des Etats-Unis dont les dirigeants ont félicité Joe Biden.
“Pourquoi la plupart des républicains restent-ils silencieux face à cette prise de pouvoir flagrante ?”, s’interroge Elvia Diaz, chroniqueuse et membre du comité éditorial du quotidien Arizona Republic, estimant que l’administration Trump est en train de mettre en scène un “coup” d’Etat.
“Personne n’a peur d’un président ‘canard boiteux’ (N.D.L.R. : nom donné aux États-Unis au chef d’État pendant la période de transition qui précède la prise de fonctions du nouveau président). Alors qu’est-ce que c’est ?”, s’interroge-t-elle. Pour l’amour du pays, les républicains doivent prendre la parole et accepter la volonté du peuple. S’ils ne le font pas, les démocrates et tout le monde doivent se battre comme des diables pour protéger l’intégrité des élections avant qu’il ne soit trop tard.”
Publié dans le Courrier International par Noémie Taylor-Rosner.
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