Cet article rappelle fort opportunément qu’il faut prendre garde à certains phénomènes qui touchent la vie politique française, en Bretagne comme ailleurs en France, y compris outremers. Le principal, c’est que les générations ont changé et qu’avec le déclin de la culture historique (jugée plus ou moins inutile par les technocrates au pouvoir) bien des leçons d’une histoire encore récente ont été oubliées ou négligées.
C’est ainsi que le développement légitime d’une authentique culture bretonne riche, imaginative et populaire incluant entre autres la renaissance de la langue se trouve encore aujourd’hui en butte à des préjugés et à une certaine négligence confinant parfois à la mauvaise volonté de la part de l’ Etat. Elle se nourrit entre autres du traditionnel mépris de certains milieux (parfois hélas à gauche) pour ce qu’ils nomment « folklore » et pour l’action associative d’inspiration laïque ou chrétienne, qui a pourtant permis d’assurer une transition culturelle et de décomplexer les tenants d’une culture régionale forte. Ces préjugés s’appuient sur le triste épisode de la collaboration avec l’idéologie nazie de quelques groupuscules égarés. S’assumer partisan actif de la culture bretonne peut ainsi, selon certains, sentir le séparatisme voire pire.
Cette situation, on le voit, n’a pas échappé à la nouvelle vague de l’extrême-droite qui dissimule sa triste marchandise (xénophobie et racisme, apologie plus ou moins déguisée du nazisme, osmose avec la ligne politique du RN) sous les atours de l’identité sympathique de la région. Elle cherche donc à reprendre la manœuvre ratée sous Pétain.
Le peuple breton, dont les origines rappelons-le comprennent assez largement un mouvement migratoire important qui a amené des populations « celtes » chassées des îles britanniques vers notre péninsule, n’a rien à voir avec ceux qui s’en prennent aux Français noirs ou de culture musulmane pour parvenir, en puisant dans une xénophobie toujours latente chez tout peuple, à leurs fins c’est-à-dire au pouvoir à Paris. Les Bretons sont encore moins des fanatiques inspirés par une idéologie qui ne pourrait, si elle trouvait un terrain favorable, que compromettre définitivement la renaissance encore timide de la culture bretonne.
Pour autant, tous ceux qui méprisent celle-ci sous de mauvais prétextes – tout se faisant parfois les zélotes d’un fédéralisme européen à court terme sans langue ni véritable culture partagée – sont dans l’incohérence : pourquoi cultiver une idée sans doute envisageable à long terme mais sans rapport avec les préoccupations actuelles de nos compatriotes tout en dépréciant ou en freinant ce qui leur tient légitimement à cœur, alors même que « leur » UE fait les yeux doux aux cultures régionales ? Jacobins attardés à Paris, ultramontains à Bruxelles : où est cette cohérence si chère à l’esprit français dans cette étrange position ?
En tout cas, prenons garde à la petite musique des francs-tireurs de l’ultra-droite et soutenons la culture populaire en Bretagne (et dans les autres régions de la République) tout en restant attachés à ce qui est la mission de toutes les gauches : défendre et promouvoir les intérêts et les aspirations des moins favorisés, sans céder aux dérives quel qu’en soit le prétexte. Confondre populiste et populaire est une erreur qu’il ne faut pas commettre.
En Bretagne, An Tour-Tan brandit la culture régionale pour mieux diffuser son néonazisme
Sous couvert de défense de la culture bretonne, les membres du groupuscule d’extrême droite affichent une idéologie néonazie. Le choix de s’implanter à Vannes a été dicté par la volonté de réunir dans un lieu unique des militants dispersés dans la péninsule.
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Une analyse remarquable, à écouter absolument ! La connaissance doit triompher des préjugés, même aujourd’hui !
Plus français que les français, les ancêtres juifs de Zemmour avec Joel Sebban
« Zemmour est un cas plutôt qu’un phénomène. Il se rattache à un courant ancien du judaïsme français, dont une des déclinaisons furent les juifs barrésiens ». L’historien Joël Sebban s’entretient avec Steve Jourdin.
Jean Levain est ancien Maire de Chaville de 1995 à 2008, secrétaire national des Radicaux de Gauche LRDG et auteur.
Retrouvez la revue de presse de Jean Levain accompagnée de ses réflexions sur l’actualité nationale et internationale qu’il livre pour la fédération LRDG en Finistère.
