Que retiendrons-nous de cette triste période politique, idéologique ? Réflexions sur notre actualité par Jean LEVAIN.
Jean Levain est Secrétaire National de LRDG, chargé des affaires internationales.
A partir du moment où l’on parle d’idéologie, on parle de politique et non plus de religion car cela sous-entend un but politique de domination au profit d’une oligarchie soi-disant fidèle à une religion (ce qu’elle n’est absolument pas). Dès lors il faut être cohérent et traiter le sujet, non avec des contre-fatwas soi-disant laïques et dissimulant souvent autre chose ou l’inaction, mais avec des mesures politiques et globales.
Tout cela nous profile automatiquement comme « petitSatan » ce qui n’est évidemment pas fait pour réduire les risques. En particulier, si l’on retrouve l’un de ces 4 matins MBS (2) ou MBZ (1) baignant dans son sang avec des ultras-wahabites au pouvoir, que feront-ils de notre belle camelote si ce n’est s’en servir contre nous pour justifier le coup d’état (cf. les talibans en Afghanistan) ?
Or dans ce domaine on n’a jamais tant fait pour apporter du grain à moudre à l’islamo-terrorisme politique : soutien actif à l’axe USA-Etats arabes du Golfe-Israël (à ceci près que les Américains et les « amis » de l’UE se gardent bien de s’engager à fond contre la Russie ou la Turquie et nous laissent tirer bêtement les marrons du feu pour leur compte), maladresses répétées vis-à-vis des opinions publiques des pays musulmans en tout ou en partie, politique par principe hostile à l’Iran (qui ne nous a jamais rien fait sans provocation) et surtout très dangereuse politique d’exportation massive d’armes létales aux pays qui financent, abritent et parfois pratiquent le terrorisme : Arabie Saoudite (dont on essaye de redorer le blason sanglant avec le concours de publicitaires bien connus), EAU (avec qui nous avons signé un traité de Défense !!!!), Qatar, Egypte (Sissi) et son satellite Haftar, Yemen pro-saoudien etc.
Quant à un vaste projet éducatif qui associerait sur un pied d’égalité et de dialogue résilient les grands acteurs de l’Education (familles, éducation populaire, monde associatif, Etat) toujours pas question : on en reste obstinément à la monoculture de l’Instruction Publique à qui (ou plus exactement au personnel enseignant ou de direction de laquelle) l’on prétend faire porter tout l’immense fardeau éducatif.
D’un urbanisme nouveau qui cesserait de considérer « les banlieues » comme une résultante du reste, non plus. D’un vrai service universel qui mobiliserait et mixerait notre jeunesse pour la faire échapper aux pesanteurs et aux préjugés dévastateurs, pas question non plus.
Cette politique n’est pas seulement faible mais elle est aussi irresponsable en tant qu’elle met gravement en danger les Français et leurs valeurs, dont la laïcité.
Ndlr 1 : Mohammed Ben Zayed (MBZ), prince héritier et ministre de la défense d’Abou Dabi, son objectif est, au fond, de transformer l’Arabie Saouditeen « Arabie Salmanite », du nom de la branche du roi Salman et de son fils MBS, qui tâcherait de devenir peu à peu indépendante des États-Unis, En dépit des contrats d’armements juteux signés entre les deux pays, et de limiter le rôle des oulémas.
Ndlr 2 : Mohammed ben Salmane ou désigné par ses initiales MBS, né le 31 août 1985 à Riyad, est le prince héritier et le vice-Premier ministre d’ Arabie saoudite depuis le 21 juin 2017.