Séparatismes : “Les Français sont plus sereins que leurs médias”
C’est ce 2 octobre qu’Emmanuel Macron tiendra son discours sur les séparatismes. Quelques jours après l’attaque devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, le chef de l’État est encore plus attendu sur le sujet qu’il ne l’était déjà. Nous avons demandé à Nadia Pantel, la correspondante à Paris de la Süddeutsche Zeitung, ce qu’elle pensait du débat sur les séparatismes en France.
À l’aune de l’attaque survenue à Paris le 25 septembre, croyez-vous qu’une loi sur les séparatismes puisse être un rempart face à la menace islamiste ?
Une telle loi ne peut être un rempart que s’il est clair que ce n’est pas une loi contre les musulmans mais qui concerne toute la société, y compris les musulmans, qu’il faut protéger de la radicalisation en France.
Nous attendons depuis longtemps le discours du président sur la lutte contre les séparatismes. Comment interprétez-vous le fait que le sujet soit sans cesse repoussé ?
Nous parlons là d’un sujet particulièrement flou. Et je pense que si nous avons dû attendre si longtemps, c’est parce que c’est un thème d’une grande complexité. Il ne s’agit pas uniquement de terrorisme islamiste, mais de cette zone grise qui se situe avant le passage à l’acte, avant la violence. Il y a à la fois des idéologues islamistes qui prêchent la violence, et une méfiance structurelle envers les musulmans qui mène à l’exclusion. Il faut lutter contre ces deux phénomènes. Il n’est pas aisé de les identifier dans un discours. Ce qui me semble crucial, c’est que cette loi soit motivée par l’idée qu’il faut rassembler les groupes sociaux, qu’elle contribue à établir la paix sociale, au lieu de dresser les groupes les uns contre les autres, ainsi que le souhaitent les islamistes ou l’extrême droite.
Est-ce qu’en Allemagne on s’intéresse au débat sur l’islam et l’islamisme en France ?
Ce qui s’est passé vendredi [25 septembre devant les anciens locaux de Charlie Hebdo] a suscité de l’empathie à l’égard des Français. En revanche, le débat fondamental sur l’islam n’est pas au cœur des préoccupations des Allemands en ce moment. La relation de l’Allemagne avec la religion est plus dépassionnée qu‘en France, ce n’est pas un pays laïque. En France, il y a cette discussion hystérique incessante sur le voile. À en croire les chaînes d’info, on pourrait penser que le pays est en pleine guerre civile. Mais les Français sont beaucoup plus détendus que leurs médias. Les terroristes tentent depuis si longtemps de saper la cohésion sociale. Mais je trouve justement qu’au quotidien il règne de la sérénité – et c’est nettement plus décisif que n’importe quelle loi. Il y a une volonté pleine du défi de vivre une vie libre. Or, ici, en France, on n’en est pas assez fier.
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Commentaires et points de vue
Bonjour mon cher JPB,
Je ne crois pas que les Français soient plus détendus que leurs médias au sujet de l’islamisme. La peur est installée. Les fous d’Allah tuent, intimident, menacent. Des lieux sont interdits aux femmes, des enfants sont déscolarisés… Contrairement au Ministre de la Justice, je pense que l’insécurité est réelle et croissante, et qu’il ne s’agit pas seulement d’un « sentiment d’insécurité » (cf les comptes-rendus de presse, ne serait-ce qu’à Brest). En revanche, je trouve que les Français sont extraordinairement résilients par rapport aux actes barbares réalisés au nom d’Allah. Peut-être justement à cause de la peur que les sectaires inspirent…
Le plan Macron, pour être tardif, semble ambitieux. Mais je crains sincèrement que les députés de gauche n’affaiblissent le texte. Et il y aura le Conseil d’État et le Conseil constitutionnel… En fait, je me fais peu d’illusions. La Ve République est infiniment plus compréhensive et conciliante avec l’Islam que la IIIe République avec la religion catholique.
En clair, je suis pessimiste pour l’avenir de notre pays, pour la République.
Amitiés républicaines,
JPK
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Ce point de vue, exprimé dans un quotidien allemand qui contrairement à d’autres (Spiegel) n’est pas systématiquement critique vis-à-vis de la France, est équilibré. Il met le doigt cependant sur le comportement invraisemblable d’un Président qui, reprenant les sataniques manies de Valls et consorts, n’a de cesse de vouloir dresser les Français de cultures religieuses différentes les uns contre les autres, pour le plus grand bénéfice d’états étrangers. Le point faible des démocraties que nous aimons tous, c’est le Fric.
Quand, depuis des décennies, le lobby des armes (rien à voir avec la nécessité de conserver l’indépendance de la France grâce à une Défense adaptée) qui vend principalement dans les états arabes du Golfe, fait en sorte que depuis des lustres les préfets ne « tapent » pas trop sur les excités dont ils connaissent parfaitement les méfaits pour ne pas risquer de perdre des commandes.
Quand on détourne le regard des agissements de Netanyahou, devenu leur allié objectif et qui ne peuvent que susciter de nouvelles haines chez les excités et les fous radicalisés.
Quand Sarkozy nous entraîne dans les sables mouvants libyens pour les raisons que l’on devine et que Macron essaye d’y jouer double jeu avec le gouvernement légal (toujours le lobby des armes car Haftar est soutenu par l’Egypte, un régime apparemment solide mais oppresseur et financé par Ryadh).
Quand notre président va chez les dirigeants libanais (que Chirac fréquentait déjà pour des raisons pas toujours catholiques) non pour apporter des secours massifs à un pays frère francophone mais pour donner des conseils saugrenus et partiaux.
« Quand » tout cela, on se rend compte qu’on attire sur le France de nouveaux dangers tout en travaillant contre ses véritables intérêts, qui ne sont pas du tout nécessairement ceux des vendeurs de frégates, de Rafale ou de chars. Les ventes d’armes doivent être mises, si elles sont nécessaires, au service d’une politique et non l’inverse.
Quant à l’argument selon lequel elles serviraient à compenser en partie le gouffre de notre commerce extérieur causé par l’incompétence durable dans ce domaine des inspecteurs des finances qui gouvernent Bercy, il ne tient pas la route. D’une part, parce qu’on n’en montre jamais les bilans complets sous prétexte de secret défense, d’autre part parce que quand on connaît un peu le sujet, on s’aperçoit que les commissions versées aux intermédiaires sont du même ordre de grandeur que les bénéfices…pour les poches des actionnaires ou de certains partis. Or clairement Macron ne veut rien changer à tout cela, dès lors comme dans d’autres domaines il ne reste plus qu’à trouver des boucs émissaires : après les cheminots, les pilotes, les syndicats, les gilets jaunes, les fonctionnaires, les étudiants voici « Les Musulmans » français, visés mais non désignés. Et en contrepoint, l’idée saugrenue de mettre l’apprentissage de la langue arabe (qui n’a aucun rapport avec le sujet, les terroristes isolés ou organisés fraîchement convertis chez nos « amis » du Golfe pas plus que les « musulmans » plus ou moins pratiquants en France après plusieurs générations, ne le parlant généralement pas ) dans le débat.
« Enmêmetempisme » et amateurisme sont les 2 mamelles du macronisme, on le voit. Un comportement qui frise la forfaiture : car comment désigner autrement le fait, quand on a pour noble mission de faire prévaloir l’intérêt général sur celui du business et de rassembler une nation autour de bonnes valeurs avec des projets réalisables, de faire exactement le contraire ?
Jean Levain
____________________________________ Un commentaire annexe
« Séparatisme » : stratégie pour 2022
Après avoir fait alimenter les polémiques, le président a eu beau tenter de circonscrire son propos en précisant que son discours ne concernait que l’islamisme politique, le mal est fait.
La vaine polémique qui a enflé durant tout l’été, alimentée par le ministre de l’Intérieur et son concept « d’ensauvagement », relayée par des médias complices, a fini par pointer un doigt accusateur sur l’ensemble de la population musulmane de France. Comment ne pas y voir la stratégie éprouvée des clins d’yeux répétés à l’électorat de droite, celui que le président cajole dans la perspective de la prochaine élection présidentielle ?
Texte complet : https://patrick-le-hyaric.fr/separatisme-une-entorse-inquietante-a-la-loi-de-1905/
Publié le 02/10/2020.