En cette veille du deuxième tour d’une élection décisive, une lancinante question taraude nos esprits : mais pourquoi donc ?
Pourquoi le président Macron, qui depuis sept ans fait de sa joute supposée avec le RN le cheval de bataille de sa communication voire la raison d’être de sa présence au pouvoir, a-t-il donné à ce même RN les clés du château alors que rien l’y obligeait ?
Pourquoi lui a-t-il donné du grain à moudre en refusant de traiter sérieusement les sujets majeurs ? Il a en effet constamment affiché son mépris pour les élus et le peuple et botté en touche vers la sempiternelle « Europe » alors que des fumerolles comme les Gilets Jaunes, les manifestations massives, l’ascension du vote RN, présageaient d’une éruption possible du volcan social ?
Pourquoi enfin passer de façon aussi étrange de « l’en même temps » au « ni, ni » en affectant de mettre sur le même pied la Gauche rassemblée du Nouveau Front Populaire qui prépare l’alternance et la menace bien réelle d’une extrême-droite au pouvoir ? Est-ce J.L. Mélenchon qui fait la loi au PS, à EELV, au PCF, à LRDG ou même à LFI ? En agissant ainsi, il donne à entendre qu’une cohabitation genre « je t’aime, moi non plus » avec le RN, ne lui déplairait pas.
Les hypothèses ne manquent pas pour expliquer ce comportement : fatuité de joueur sommé d’abattre ses cartes, jeu de billard européen à trois bandes voire complicité car pourquoi combattre à Paris ce qu’on accepte à Bruxelles si ce n’est pour rapprocher les deux théâtres et banaliser la relation à l’extrême-droite?
Une chose est claire. C’est que l’imprenable forteresse n’était qu’un château en carton, un mythe du même genre que celui inventé par son meilleur ennemi le RN qui en contrepoint aux vaines promesses, agite la menace de l’invasion des Sarrasins ou celle du sac des églises par Mélenchon et ses hordes gauchistes.
Le châtelain fait ses bagages, la garnison n’impressionne plus personne et bien des député.es sortant.es, en Ile-de-France, en Bretagne ou ailleurs ont soigneusement gommé de leurs documents de campagne le nom fatidique qui les avait fait élire il y a deux ans. Courageux, mais pas téméraires.
Restent les familiers, les conseillers, les courtisans et les porte-paroles. Ils ont porté sa parole politique donc assumé sa conduite des affaires et bénéficié de leur position. Ils doivent partir.
Nous sommes encore en démocratie et il ne leur arrivera rien de grave. Peut-être même serait-ce un bien pour la suite de leur carrière. En tous cas, ils ne sont plus en situation de peser pour les intérêts de leurs électeurs ou leurs aspirations politiques.
Bien des citoyens aspirent à un rassemblement positif qui comprenne les raisons profondes du vote FN et y remédie sérieusement après toutefois un sérieux examen de conscience car les électeurs et particulièrement ceux qui ont usé du bulletin du RN sont en colère face à l’attitude des partis.
Ainsi, la Gauche doit-elle se rappeler qu’elle appartient au peuple et qu’elle doit fuir la dérive technocratique des « élites », fût elle « européenne », non s’y associer. Ce qui compte ce sont les priorités populaires non les aspirations personnelles des leaders.
Les Centristes doivent se garder de confondre l’UE du lucre avec l’Europe de la justice et du progrès humaniste. Administrer c’est bien, gouverner c’est mieux.
Quant à la droite républicaine, elle ne saurait pactiser avec les héritiers idéologiques de ceux qui condamnèrent à mort le Général de Gaulle et assassinèrent Jean Zay et bien d’autres. De Gaulle doit se retourner dans sa grande tombe.
Dans la situation très grave que nous vivons, peut-être ces trois forces peuvent-elles s’inspirer de ce qu’elles réalisèrent ensemble avec le Conseil National de la Résistance (le vrai CNR). Mais cela, c’est à partir de la semaine prochaine.
Et ce que J. Bardella reproche sans doute à Jean Moulin, outre d’avoir protégé des soldats sénégalais se battant pour la France, c’est d’avoir unifié trois grandes familles politiques en vue d’un projet opposé à celui du RN. En ironisant sur le nom d’un martyr, il confesse la profonde parenté de son parti avec l’univers brun.
La mauvaise herbe repousse toujours, Dans l’immédiat il faut donc l’éliminer avant de reconstruire et non garder les mauvais jardiniers pour rénover jardin et potager. Et le vote est le meilleur outil pour cela. Bon vote à toutes et à tous, dimanche prochain !